Burn-out javens

FRÔLEZ-VOUS LE BURN-OUT ?

Jamais le burn-out et plus généralement le sujet des risques psychosociaux n’auront été autant un sujet d’actualité. Pratiquement pas une journée ne passe sans que les médias l’évoquent. Rien d’étonnant à cela puisque le premier facteur de risque au travail, selon l’OMS, est le stress. S’il faut d’abord rappeler que le burn-out n’est pas reconnu comme une maladie professionnelle et s’il peut encore apparaître pour certains comme une problématique dont les contours semblent « mouvants », il n’en demeure pas moins une réalité aux dimensions multiples : médicale, juridique, professionnelle, organisationnelle, personnelle…

UN PEU D’HISTOIRE…

Le mot burn-out est apparu dans les années 70. Herbert Freudenberger (1974) à qui la paternité du mot burn-out est attribuée, fait référence au burn-out en évoquant les cas des travailleurs sociaux qui travaillaient aux Etats-Unis dans les free clinics, notamment au contact des toxicomanes. Dans ces établissements qui dispensent des soins aux personnes les plus défavorisées et au vu du système de santé aux Etats-Unis, l’activité est intense. Freudenberger concentre ses travaux sur l’investissement personnel de l’individu. C’est lui qui amènera l’expression burn-out en comparant l’état de ces travailleurs sociaux à une maison qui aurait brûlé de l’intérieur et dont il ne resterait que les murs. Il définira le burn-out comme « un problème qui prend naissance de la bonne intention d’atteindre des buts élevés voire irréalistes et qui aboutit à épuiser ses énergies, se détacher de soi-même et perdre le contact avec les autres ». Christina Maslach (1976) amènera une dimension organisationnelle en ne réduisant pas le burn-out à la seule dimension personnelle de Freudenberger. En 1970, Pines et Maslach (1978) définiront le burn-out comme « un syndrome d’épuisement physique et émotionnel ». Plus récemment, Pines et Aronson (1988) définiront le burn out comme « un état d’épuisement physique, émotionnel et mental causé par l’implication à long terme dans des situations qui sont exigeantes émotionnellement ».

LE STRESS AU DEPART…

Tout part du stress. Hans Selye en 1935 identifie le stress comme un « syndrome général d’adaptation ». Ainsi, le stress n’est à l’origine pas perçu comme quelque chose de négatif, bien au contraire. Cette idée est d’ailleurs souvent reprise par les organisations pour justifier la pression mise sur leurs collaborateurs. Mais pour paraphraser un célèbre slogan, le stress est « à consommer avec modération » car lorsque l’organisme est soumis à un stress chronique, l’effet s’inverse.
Le burn-out se définit comme un syndrome à 3 dimensions :
  • L’épuisement émotionnel
  • La dépersonnalisation
  • La diminution de l’épanouissement personnel
L’épuisement émotionnel peut se définir comme un manque d’envie ou l’impression de « tourner à vide ». L’énergie n’est plus là et le niveau de motivation baisse.
La dépersonnalisation renvoie à un sentiment de cynisme vis-à-vis de son travail. La vision de la personne vis-à-vis du travail devient négative.
La diminution de l’épanouissement personnel touche la personne elle-même. Il n’y a plus qu’une dévalorisation du travail, mais aussi une dévalorisation d’elle-même. Le collaborateur met en doute ses compétences et son efficacité.

 

COMMENT SAVOIR SI VOUS FRÔLEZ LE BURN-OUT : LES SYMPTÔMES

 

Marie Pezé (2016) évoque des « signaux faibles » et des « signaux forts ». On peut en effet repérer une gradation dans les symptômes qui se font de plus en plus visibles au fil du temps autour de trois phases :

  • La phase d’alarme
  • La phase de résistance
  • La phase d’épuisement

les symptomes du burn out

1. LA PHASE D’ALARME

  • Vous vous sentez fatigué.e ?
  • Vous aimez particulièrement votre travail, au point de laisser parfois la vie professionnelle empiéter sur la vie personnelle et familiale,
  • Votre entourage commence à vous signaler régulièrement que vous êtes irritable, que vous n’avez plus de patience,
  • Vous prenez du travail à la maison le week-end et restez accroché.e à votre téléphone portable et vos mails, persuadé.e que « vous ne pouvez pas faire autrement »
  • Vous avez l’impression de ne plus y arriver, de ne plus savoir vous concentrer ?

 

2. LA PHASE DE RÉSISTANCE

  • Le sommeil devient mauvais et n’est plus récupérateur. Vous avez l’impression de travailler au ralenti pendant la journée,
  • L’irritabilité devient difficile à maîtriser,
  • Les maux de tête ou les douleurs musculaires sont de plus en plus fréquents,
  • Les problèmes de digestion se multiplient,
  • Ne parvenant plus à prioriser ces tâches, vous décuplez vos efforts et travaillez encore davantage,
  • Ayant cette impression de ne plus être assez productif et de devoir travailler davantage, vous vous isolez du « groupe » et des collègues. Vous participez moins à la vie collective, partagez moins de moments de pause avec ses collègues…

Au niveau de ces signaux, c’est souvent la phase de culpabilisation qui domine. La personne ne comprend pas ce qui lui arrive et pense en être responsable d’où cet engrenage, ce cercle vicieux qui l’amène à travailler encore plus alors qu’elle devrait au contraire « lever le pied ».

 

3. LA PHASE D’ÉPUISEMENT

Si la personne ne relâche pas la pression à ce moment-là, ce sont les signaux forts qui vont se développer et c’est alors la phase d’épuisement :

  • Vous avez des maux de ventre,
  • Si les nausées, les vertiges, les malaises apparaissent,
  • Vous avez l’impression que quelque chose va arriver car vous sentez bien que vous ne savez plus faire face comme avant,
  • Vous perdez ou prenez du poids sans raison valable,
  • Vous avez recours aux médicaments,  à l’alcool ou toute autre substance pour tenir,
  • Vous ne trouvez plus aucun plaisir au travail, mais que des contraintes,
  • Si la personne se sent incomprise par les collègues ou à l’inverse a l’impression de ne plus faire partie du groupe,

Cette phase d’épuisement peut varier d’une personne à l’autre, mais à ce stade, l’effondrement est une question de jours ou de semaines, mais rarement de mois :

  • Quand la personne ne sait plus un matin se lever,
  • Quand la personne s’évanouit sur son lieu de travail,
  • Quand la personne « pète un plomb » à un moment donné, insulte des collaborateurs ou pique une violente colère totalement incompréhensible pour le supérieur ou les collègues,
  • Quand la personne éclate en sanglots sur son lieu de travail sans raison apparente